Elle Citoyenne, porter la voix des citoyens africains

Elle Citoyenne, porter la voix des citoyens africains

Un jour dans mon média est une série de témoignages, qui illustre chaque semaine le quotidien de personnes travaillant dans les médias de l'Afrique, du monde arabe et de l'Asie du Sud-Est, accompagnés par CFI.

Cette semaine, entretien avec Anne-Marie Befoune, fondatrice du blog Elle Citoyenne.


Elle Citoyenne a été lancé le 29 novembre 2015. Conçu sous la forme d'un blog, sa fondatrice Anne-Marie Befoune souhaitait initialement documenter ses recherches sur la participation citoyenne en Afrique et partager son opinion sur les événements socio-politiques de la sous-région. Aujourd'hui, le blog a évolué et acquis en influence : "Très vite, d'autres personnes ont souhaité s'y exprimer aussi. Le média compte maintenant une trentaine de contributeurs à travers l'Afrique. Au delà de mon rôle de contributrice, j'en suis devenue la rédactrice en chef", indique Anne-Marie.

Une tribune pour les thématiques citoyennes

Très active et présente sur plusieurs fronts (blogging, activisme, rédaction en ligne pour plusieurs médias, chroniqueuse pour RFI et chargée de la formation en ligne pour YALI) Anne-Marie a du mal à décrire ce qu'elle fait exactement comme métier : "Je suis traductrice de formation, et bien que la traduction ne soit plus mon activité principale, je continue à l'exercer en freelance."
Une grande partie de son temps est consacrée à Elle Citoyenne car le site, qui n'a pas pour ambition de diffuser une information chaude, déploie des sujets de fonds, des billets d'humeur et des enquêtes qui analysent l'environnement socio-politique.

Il est également question de mettre en avant les initiatives citoyennes qui ont fonctionné sur le continent, afin de voir dans quelle mesure celles-ci peuvent être reproduites à grande échelle pour le bien-être collectif.

À ses yeux, l'internet était le moyen le plus simple d'y parvenir et de faire entendre sa voix. Anne-Marie confie passer beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, notamment Twitter : "La plateforme permet de savoir ce qui se passe en temps réel et quels sont les sujets brûlants dans chaque pays. Pour ce qui est du journalisme citoyen, tout internaute devient une source potentielle d'informations fiables, cela peut se résumer à qui a vu quoi et souhaite en informer la majorité."

Au départ, Anne-Marie souhaitait mettre l'accent sur les devoirs des citoyens "très souvent oubliés au profit des droits", souligne-t-elle. L'initiative rencontra un franc-succès et les articles publiés furent à l'origine de discussions animées sur les réseaux sociaux. Peu à peu, les lecteurs apportèrent leur touche personnelle au projet et certains d'entre eux devinrent même des contributeurs : "Ils ont orienté le média selon leurs besoins. L'enjeu était d'avoir un média qui s'intéresse à eux, citoyens lambda, plutôt qu'à la diffusion de scoops", relève-t-elle.

Absence de modèle économique

Elle Citoyenne ne génère aucun bénéfice et c'est un parti pris : "Nous ne voulons pas de publicité sur le site parce qu'il n'est pas agréable pour le lecteur d'être interrompu et distrait par un encart publicitaire qui n'a aucun rapport avec le sujet traité. Les subventions ne constituent pas un modèle économique durable, nous ne nous sommes pas attardés sur la question", indique Anne-Marie Befoune. Le média est financé sur fonds propres depuis sa création. Les trente contributeurs provenant de l'Afrique de l'Ouest, de l'Est, centrale et australe travaillent bénévolement. En moyenne, trois articles sont publiés par semaine sur Elle Citoyenne. Le fonctionnement quant à lui, est simple. Toute personne désireuse de contribuer sur un sujet envoie son texte à l'adresse mail : elle@ellecitoyenne.com.

Les articles sont relus, avec une vérification poussée des dates et noms indiqués dans les textes. Des liens hypertextes sont parfois rajoutés pour que le lecteur puisse aller plus loin dans sa volonté de s'informer. Puis le texte révisé est renvoyé à l'auteur pour approbation avant publication : "Les propos irrespectueux sont systématiquement retirés des textes", précise la jeune femme.
En raison de son planning chargé, l'une des difficultés rencontrées par Anne-Marie est le manque de temps : "Il y a tellement de sujets que je souhaite couvrir, tellement d'initiatives citoyennes à présenter et tant de personnes actives à faire connaitre… Je ne peux tout faire à la fois, alors je prends mon mal en patience", se résigne-t-elle.
La jeune blogueuse met un point d'honneur à ne pas diffuser d'informations fausses ou incomplètes : "Il m'arrive d'acheter trois ou quatre livres avant de rédiger un article de mille mots environ. Je tiens à bien m'informer avant de me prononcer sur un sujet, quel qu'il soit. Si je ne sais pas, je ne parle pas, il n'y a aucune honte à dire qu'on ne sait pas", tranche-t-elle avec conviction.

Associer le journalisme citoyen au journalisme classique grâce aux réseaux sociaux

Selon Anne-Marie, les réseaux sociaux ont permis au journalisme citoyen d'écloreJ'ai beaucoup appris au cours de cette année, surtout durant les immersions au sein des communautés rurales. : "Grâce à eux, tout le monde peut épingler preuves à l'appui, des informations erronées." Cette diversité de l'information est la bienvenue puisque "les médias sont de moins en moins fiables, notamment au Cameroun où certains sujets comme la crise anglophone sont peu traités par peur de représailles", confie-t-elle. Par rapport au Sénégal où la jeune Camerounaise est installée depuis plusieurs années, "la liberté d'expression est plus présente, les journalistes n'hésitent pas ici à dire ce qu'ils pensent", juge-t-elle.

Pendant un an à partir de septembre 2016, Anne-Marie a participé au projet Connexions citoyennes de CFI : "Connexions citoyennes a été l'une des plus riches expériences vécues pour la passionnée de participation citoyenne que je suis. Pendant une année, quinze porteurs de projets ont été accompagnés par CFI dans le cadre du développement de projets citoyens numériques."
Grâce à son projet Tout en deux minutes, elle a fait partie du trio gagnant et a remporté un chèque de huit mille euros.

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