Prachatai, le média thaïlandais pour la démocratie

Prachatai, le média thaïlandais pour la démocratie

Un jour dans mon média est une série de témoignages, qui illustre chaque semaine le quotidien de personnes travaillant dans les médias de l'Afrique, du monde arabe et de l'Asie du Sud-Est, accompagnés par CFI.

Cette semaine, entretien avec Chiranuch Premchaiporn, directrice générale de Prachatai.


Chiranuch Premchaiporn est née et a grandi à Bangkok, la capitale thaïlandaise.
Elle obtient son diplôme de journalisme à l' Université de Thammasat et intègre la rédaction d'un magazine local pendant un an. Après quatre mois comme présentatrice du bulletin d'information dans une radio régionale, elle rejoint la AIDS Access Foundation (ACCESS), une ONG de lutte contre le VIH/SIDA.

C'est en 2004, soit treize ans plus tard, à la naissance de Prachatai, qu'elle est recrutée au sein du magazine en ligne. Elle occupe aujourd'hui le poste de directrice générale.

Une ligne éditoriale en faveur des droits de l'homme

Fondé le 6 septembre 2004 par le sénateur et activiste social influent, Jon Ungphakorn, Prachatai traite essentiellement des sujets de société et politiques, avec un accent particulier sur les droits de l'homme et la démocratie. Le choix du numérique s'est avéré la solution la plus adéquate : "Nous avons choisi une publication en ligne car c'est un support abordable et internet est très propice à l'établissement de relations interactives avec le public", précise Chiranuch.
En effet, Prachatai compte près de 300 000 abonnés sur Facebook et plus de 108 000 sur Twitter : "Nous avions l'habitude de relayer sur Twitter les articles publiés sur notre site internet. Aujourd'hui, nous encourageons nos équipes à personnaliser les publications autant que possible. Ainsi Facebook devient la seule voie par laquelle nos lecteurs peuvent commenter les articles et nous envoyer des messages directs.Cependant, quand tout le monde est occupé, nous passons par la fonction automatisée", explique-t-elle.

Facebook est surtout utilisé pour lancer des sondages, publier des infographies ou encourager le débat sur certains sujets. " Compte tenu des lois en vigueur, nous avons désactivé la fonction commentaires en bas des articles sur le site", précise-t-elle.

Le journal compte seize employés à temps plein et les locaux se trouvent à Bangkok, dans le quartier de Huai-Kwang. La rédaction se réunit tous les lundis pour discuter, présenter les sujets et élaborer le plan de travail à mettre en œuvre pour la semaine. " Nous ne couvrons pas tous les sujets et nous avons des codes de conduite que nos journalistes respectent. Nous tenons à notre indépendance, ce qui nous donne la possibilité de traiter des sujets qui sont peu couverts ou censurés par les médias traditionnels", affirme la directrice.

Un modèle économique basé sur les dons des lecteurs

Le site web, disponible en anglais et en thaï, dispose de deux sources principales de revenus : " Environ 85 % proviennent de donateurs et 15 % de la vente de bannières publicitaires, du plug-in Google Ads, et de la boutique en ligne". Laquelle propose des articles comme des t-shirts, des livres, etc.

La société a aussi développé une gamme de services : " Nous réalisons des prestations de graphisme, d'organisation d'événements, des services de rapporteur, etc. Néanmoins, ces activités ne doivent pas entraver notre indépendance ou être en contradiction avec les valeurs fondamentales que nous défendons", ajoute la jeune femme. Sur le long terme, Prachatai envisage de diversifier ses sources de financement afin de conserver autant que possible leur liberté : "Nous voulons éviter de nous appuyer sur un mode de financement unique ou prédominant."

Davantage de restrictions depuis le coup d'État du 22 mai 2014

Les journalistes thaïlandais jouissent d'une liberté relative.Chiranuch décrit des tensions dans la pratique du métier de journaliste depuis le coup d'État du 22 mai 2014 : "Toutefois, la normalisation de l'autocensure représente le principal challenge auquel les journalistes professionnels font face". La confiance du public à l'égard des médias, qui subissent des critiques depuis quelques années, est en baisse : "La viabilité d'organes indépendants comme Prachatai est très fragile dans un tel contexte, relève-t-elle.

L'autre défi de Prachatai et de ses journalistes, est l'évolution rapide des technologies de l'information, "qui exige un apprentissage et une adaptation rapides de notre équipe, souligne la directrice générale. Prachatai a participé au projet 4M Asie de CFI Médias, qui a contribué au pluralisme des médias et a renforcé la cohésion nationale par la prise en compte des questions locales et communautaires.

Prochainement, les journalistes du portail d'informations seront de plus en plus encouragés à opter pour l'investigation. " Nous allons co-réaliser des reportages d'investigation avec des membres de la société civile ou issus du monde académique. Notre objectif, c'est que Prachatai participe à la construction d'une société qui place les droits de l'homme au cœur de ses valeurs fondamentales", conclut-elle.

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