L’Égypte réduit les dernières voix libres au silence en bloquant 21 sites d’information

L’Égypte réduit les dernières voix libres au silence en bloquant 21 sites d’information

Mercredi 24 mai 2017 au soir, l'Égypte a interdit au moins 21 sites Web, dont le site principal du groupe de télévision qatari Al Jazeera, Le Huffington Post et Mada Masr, un important site d'information local indépendant.

Les autorités égyptiennes ont bloqué Mada Masr et 20 autres sites accusés de « soutenir le terrorisme et l'extrémisme et de colporter des mensonges », selon la MENA, l'agence de presse officielle du pays. Deux sources des services de sécurité égyptiens ont par ailleurs rapporté à Reuters deux motifs justifiant le blocage de ces organes de presse : la mise en évidence de liens étroits avec les Frères musulmans et/ou un financement du Qatar.

Mada Masr, un média indépendant créé en 2013, est l'une des dernières voix libres d'Égypte à produire un journalisme critique et engagé. Après le blocage de son site Web, Mada Masr continue de publier des articles via ses chaînes sur les réseaux sociaux.

La décision de l'État égyptien de bloquer ces 21 sites Web enfreint les lois internationales applicables dans cette région. L'Égypte a signé et ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), et doit suivre les recommandations du Comité des droits de l'homme, seul organe officiel en charge de l'interprétation du traité. L'Observation générale no 34 du Comité précise que les restrictions à l'exercice du droit à la liberté d'expression en ligne doivent répondre aux critères stricts de nécessité et de proportionnalité pour atteindre un objectif légitime. Nous affirmons qu'aucune de ces conditions n'a été respectée, particulièrement au vu du caractère extrajudiciaire du blocage.

En tant que membres de la société civile engagés dans la défense de la libre circulation de l'information et pour l'accès et la liberté numériques, nous condamnons fermement le blocage de ces 21 sites Web par les autorités du pays. Une telle action est un acte de censure et une violation de la liberté d'expression et d'information. Les médias indépendants ne doivent pas faire les frais des conflits politiques actuels internationaux dans cette région, notamment entre l'Égypte et le Qatar.

Les signataires de cette déclaration défendent les principes fondamentaux de la liberté d'expression et d'accès à la connaissance et à l'information. Nous soussignés appelons les autorités égyptiennes à maintenir la liberté de la presse et à rétablir l'accès aux 21 sites d'information bloqués.

Signataires :
Access Now
SKeyes Center for Media and Cultural Freedom (SKeyes)
CFI – Agence française de coopération médias
Comité pour la protection des journalistes (CPJ)
Maharat Foundation
Index on Censorship
Social Media Exchange (SMEX)
Derechos Digitales
Cooperativa Sulá Batsú R.L.
Bahrain Watch
Internet Sans Frontières
7iber
Ligue des blogueurs et cyber-activistes africains pour la démocratie (AFRICTIVISTES)
The Tahrir Institute for Middle East Policy (TIMEP)
MARCH Lebanon
Electronic Frontier Foundation (EFF)
Collaboration for ICT Policy in East and Southern Africa (CIPESA)
OpenNetAfrica
Free Press Unlimited
The Egyptian Center for Public Policy Studies (ECPPS)
Global Forum for Media Development

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