Moi, journaliste libyen : Rizk Faraj Rizk

Moi, journaliste libyen : Rizk Faraj Rizk

Le témoignage de Rizk Faraj Rizk, journaliste indépendant collaborant à la rubrique libyenne sur le site Mourasiloun (correspondants) à Tobrouk (Libye).

Je m'appelle Rizk Faraj Rizk.

Je pense que, avec le temps, le journalisme n'est plus uniquement considéré comme un espace qui nous permet d'atteindre le monde. Je crois qu'il se définit avec des termes comme responsabilité, crédibilité, liberté, professionnalisme, respect de l'humanité et objectivité.
De mon expérience dans ce domaine, d'environ deux décennies, j'ai plusieurs anecdotes dont je me souviens à chaque fois que je traverse une expérience similaire. Certaines me rappellent des souvenirs douloureux, d'autres me font sourire. Signer un article dans n'importe quel journal me comblait de joie.
Je me voyais rayonnant, au septième ciel !

Entre les restrictions de la censure, la répression, l'immobilisme provoqué par des politiques de libération régies par les intérêts nationaux ou internationaux, les politiques de financement des médias, nous nous retrouvons face à un grand défi et à un combat principalement contre soi-même et contre les tentations. Mais je suis confiant, ma profession possède de bonnes bases, elle a ses principes et ses conventions. Pour que je dise « je suis journaliste » je dois d'abord m'armer de qualités qui ne défaillent pas face aux tentations.

Je suis journaliste donc je suis responsable

Je suis journaliste donc je ne suis pas impliqué dans le conflit, je ne soutiens aucun parti, je ne suis pas agent. Cela ne veut pas dire ne pas soutenir les intérêts de mon pays. Ma responsabilité est en effet de participer au développement social et politique de la société. Je dois aussi être au courant de la déontologie et de l'éthique de la profession et ma responsabilité réside dans le respect de mon métier et de ses conventions.

Je suis journaliste donc je ne mens pas

Le mensonge m'élimine des rangs des journalistes. Le journaliste ne ment pas et la crédibilité est un principe indispensable à ce métier. C'est un des principaux piliers permettant au journaliste de mériter la confiance du public en quête de vérité. Mon slogan est "le citoyen a le droit de savoir".
Mes opinions et mes appartenances n'influencent pas le fait de dévoiler et de transmettre la vérité au public. Les facteurs négatifs ne me tentent pas. Attiser le feu entre les parties rivales et les diaboliser ne m'intéresse pas.

Je suis journaliste donc je suis libre

La liberté réside dans le respect de l'autre et de son intimité. Je suis journaliste donc je suis libre dans la pratique de mon métier. Je refuse catégoriquement tout silence ou dissimulation d'opinions. Ma liberté s'arrête là où commence celle d'autrui. Je ne viole pas l'intimité de la personne, comme je n'accepte aucune transgression professionnelle dans l'ombre d'un nom de média. Je ne me permets pas la diffamation dans le but unique de diffamer et mon lexique n'inclut aucun terme qui blesse quelqu'un ou le tourne en dérision. Je n'ai aucun antécédent dans ce domaine.

Je suis journaliste donc je suis un être humain

L'humanité réside dans le fait de se débarrasser de toute atrocité qui s'oppose à ma profession, de se libérer des tentations qui s'emparent de la conscience professionnelle et de m'attacher aux principes humains, quels que soient les appels au crime qui m'entourent.

Je suis journaliste donc je suis professionnel

Le professionnalisme est de s'engager à respecter les règles générales adoptées par la profession, de gagner la confiance du public et de pouvoir le motiver. Le professionnalisme est d'être présent et à la hauteur de la compétition. C'est de m'armer contre les défis politiques et les appartenances qui nous font tomber dans le piège de soutenir un parti contre un autre.

Je suis journaliste donc je suis objectif

Je suis journaliste, donc je suis neutre dans ma manière de traiter les sujets et d'aborder les thèmes. L'objectivité signifie, en effet, d'être logique dans son travail, de ne se permettre ni ajouts ni omissions, de préciser en toute impartialité l'origine des citations et de ne pas ignorer les points négatifs du parti auquel j'appartiens ou que je préfère ou soutiens.

Je suis journaliste. Voilà ce que je suis. J'aime ma profession, elle me motive beaucoup. Je ne profite pas des scandales médiatiques pour être célèbre. Mon arme, c'est ma plume avisée qui ne blesse personne ni ne tourne en dérision. Mon enthousiasme et mon euphorie sont toujours assurés par la simple publication de mon nom ou de ma photo dans un journal et mon engagement ne fait que s'attiser grâce au sens des responsabilités. Celui-ci fonde ses origines dans la liberté d'expression, qui se caractérise par l'objectivité, génère sincérité et professionnalisme et est couronné par l'humanité qui réside en nous et qui nous guide tout au long de notre vie.
Je suis un journaliste libyen et ma mission est noble.


Afin de préserver le dialogue démocratique en Libye, CFI a lancé, en partenariat avec le Centre de Crise et de Soutien du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, le projet Hiwar début 2017. Ce projet offre un espace d'expression de différents points de vue sur la presse libyenne. Une session, composée de quatre ateliers, a été organisée en Tunisie. Douze journalistes libyens, venant de Libye, de Jordanie, de Turquie, d'Égypte et de Tunisie, y ont participé.

Ce témoignage fait partie du livret Moi, journaliste libyen, qui regroupe des textes libres préparés par les journalistes du projet Hiwar.

Retrouvez l'intégralité de ces textes dans le kiosque.

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