Radio Mampita, le média des paysans malgaches

Radio Mampita, le média des paysans malgaches

Un jour dans mon média est une série de témoignages, qui illustre chaque semaine le quotidien de personnes travaillant dans les médias de l'Afrique, du monde arabe et de l'Asie du Sud-Est, accompagnés par CFI.

Cette semaine, entretien avec Yves Lucienne Voahirana de la Radio Mampita à Madagascar.


Yves Lucienne Voahirana est une malgache de 52 ans. Gérante de Radio Mampita, elle assure le fonctionnement du média sur le plan technique, financier et administratif depuis sa création en 1997.
La radio associative communautaire a été créée par le biais du programme d'appui à la communication de la coopération suisse. Elle est essentiellement destinée aux zones rurales et aux activités qui s'y déroulent. « Les paysans occupent une place considérable sur les ondes de la radio. 80 % des contenus diffusés leurs sont dédiés. »

Faire entendre la voix des agriculteurs et des éleveurs

La ligne éditoriale est principalement axée sur l'agriculture, la protection de l'environnement, l'éducation, les problèmes sociaux et la santé.
Mampita donne la parole aux agriculteurs et encourage le partage d'expériences notamment avec les techniciens ruraux. Les émissions sont consacrées aux nouvelles techniques agricoles appliquées à Madagascar et dans les pays voisins qui peuvent répondre aux besoins des cultivateurs.

C'est par ce canal que les auditeurs sont sensibilisés aux questions liées à l'environnement et à l'éducation civique. Ce rôle d'acteur du dialogue social et de la médiation intercommunautaire est très important pour Lucienne :

« Il est primordial pour nous de défendre les intérêts des paysans dans un secteur économique de plus en plus compliqué, et de montrer qu'ils contribuent au développement local », explique la gérante.

Un fonctionnement collaboratif et institutionnalisé

L'équipe comprend onze permanents dont deux journalistes, un comptable, un réceptionniste, trois techniciens animateurs et producteurs principalement. La radio est gérée par trois instances :

  • L'assemblée générale (AG) : organe suprême de décision composée de paysans, l'AG trace les grandes lignes d'actions, les orientations du média en fonction du budget et du plan d'action.
  • Le conseil d'administration (CA) : veille à l'application des décisions prises par l'AG, il supervise et contrôle les travaux de l'équipe de permanents.
  • L'équipe ou la gérance : exécute les directives émanant du CA, elle assure le fonctionnement de la station et réalise les activités de la radio.

La coopération suisse a arrêté le financement de Radio Mampita en 2004 et aujourd'hui, le média est totalement autonome financièrement grâce aux recettes engendrées par la publicité.

« Tous les projets de développement nationaux ou internationaux achètent des tranches horaires sur Radio Mampita, car ils sont persuadés de pouvoir toucher leur cible sur nos ondes. Nous diffusons également toutes les annonces qui respectent notre éthique, peu importe le thème. »

Il y a cinq ans, grâce à un financement de l'ambassade d'Allemagne à Madagascar, le média a pu construire un bâtiment de 75 mètres carrés qui est devenu son siège, situé à Anjoma dans la ville de Fianarantsoa.

La radio possède deux studios : un de production et un autre destiné à la diffusion.
Après les émissions informatives et éducatives, Radio Mampita laisse de la place à la musique, au théâtre radiophonique. Elle s'abstient en revanche de diffuser des informations politiques et religieuses à l'antenne.
La responsable de programmation et le rédacteur en chef veillent à la véracité des informations avant la diffusion.

La radio, le médium le plus efficace à Madagascar

Madagascar présente un fort taux d'illettrisme. D'après l'UNESCO, 71% des Malgaches de plus de 15 ans arrivent à peine à lire un petit texte. Les communautés avec un fort taux d'analphabétisme sont marginalisées par la presse écrite, et la population rurale par la presse utilisant la langue française. « La langue parlée par la radio est le malagasy et nous faisons en sorte de garder un ton convivial et interactif. »Généralement localisée dansl es zones reculées et rurales, cette catégorie d'acteurs, selon le sondage public EvMed/CERCOM 2014, préfère écouter la radio et représente 59% de l'audimat.
Source : Étude sur le développement des médias à Madagascar, 2017, (Programme International pour le Développement de la Communication), UNESCO.

C'est dans cette niche, que la radio Mampita entend se glisser.
Le média mise également sur les réseaux sociaux et le web : la radio dispose à ce jour d'un site, d'une page Facebook et d'une chaîne Youtube.



Dans un pays où les médias sont globalement détenus par des politiciens, des religieux et le gouvernement malgache, Radio Mampita veut sortir du lot en se rendant utile : « De nombreux malfaiteurs ont été arrêtés dans une commune qui était classée "zone rouge vol de bœufs" en 2000, grâce à la circulation rapide d'informations sur Radio Mampita », termine-t-elle.

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