Burkina Faso : BF1, la chaîne du peuple

Burkina Faso : BF1, la chaîne du peuple

Un jour dans mon média est une nouvelle série de témoignages, qui raconte chaque semaine le quotidien de personnes travaillant dans les médias de l'Afrique, du monde arabe et de l'Asie du Sud-Est, accompagnés par CFI.

Cette semaine, entretien avec Issoufou Saré de la chaîne de télévision BF1 au Burkina Faso.


Créée en 2004, BF1 n'a réellement commencé sa diffusion que le 20 août 2010 au Burkina Faso. Aujourd'hui, la chaîne a réussi l'exploit d'un vrai ancrage : elle est disponible partout en Afrique sur le canal 251 du fournisseur Canal +, sur le bouquet de la TNT nouvellement introduite dans le pays et même sans décodeur dans un rayon de 50 km à Ouagadougou.

BF1, chaîne généraliste du groupe de presse Global Communication, se veut proche de la population. Sa ligne éditoriale est axée sur les sujets de société avec la jeunesse en cœur de cible.

Les rouages de la machine BF1

Lorsqu'il se réveille à 5h15, une journée bien remplie attend déjà Issoufou Saré, directeur général de BF1. Il commence par une séance matinale de sport puis va déposer ses enfants à l'école. C'est aux environs de 7h30 qu'il pénètre dans les locaux de BF1 desquels il ne sortira que vers 21h.

Sa journée de travail débute par une lecture des quotidiens du jour. C'est après avoir pris connaissance de l'actualité chaude qu'il entame une tournée des six services du média. Avec les responsables de chacun d'entre eux, il va vérifier l'état d'avancement des chantiers de la semaine. Cette partie l'occupe toute la matinée.
L'après-midi il se penche sur le courrier, les documents à signer et les rendez-vous à honorer.
La rédaction est décorélée de la direction :

"Il y a un rédacteur en chef qui dirige l'équipe de rédaction et à qui revient la gestion éditoriale. Je n'interviens jamais sur son travail, sauf quand des erreurs se glissent dans le traitement des sujets", affirme le directeur.

La majorité des journalistes de BF1 sont passés par des écoles de journalisme, les autres se sont formés sur le tas. En partenariat avec des structures locales comme l'Association des Journalistes du Burkina ( AJB) et le centre de presse Norbert Zongo, l'entreprise a mis sur pied une politique de formation pour que ses journalistes soient continuellement à la pointe des nouvelles techniques dans le métier.


C'est dans le cadre de cette politique d'entreprise que BF1 a participé au projet Faso Médias 2 de CFI, "une expérience bénéfique pour nos journalistes et réalisateurs", souligne Issoufou. Quant au matériel, la rédaction travaille avec des caméras NX70, des enregistreurs, des bancs de montages et des logiciels comme Adobe Premiere Pro. Les journalistes expérimentent en ce moment des reportages entièrement élaborés à partir d'Iphone et de logiciels comme City Producer.

Faire parler le burkinabé lambda

Pour Issoufou Saré, c'est un objectif majeur. Le média veut raconter le Burkina des quartiers mal lotis et du train-train du citoyen qui "grouille" : " Nous voulions une chaîne en laquelle les Burkinabés pouvaient se reconnaître", avance le jeune homme de 39 ans, journaliste de formation. Depuis avril 2013, il a sous sa responsabilité une soixantaine d'employés disséminés dans six services opérationnels de la technique à la programmation en passant par le service commercial et marketing.
Le siège de BF1 se situe dans le quartier résidentiel de Ouaga 2000 à Ouagadougou. Mais le média dispose aussi d'une antenne à Bobo Dioulasso dans le sud-est du pays. C'est la capitale économique et deuxième ville du Burkina Faso (537 000 habitants répertoriés en 2012).

Le leitmotiv de la rédaction est de diversifier l'information produite et d'accentuer la visibilité du média. Pour se donner une chance d'y parvenir, BF1 s'est positionnée sur les nouveaux outils de communication tels que les réseaux sociaux et internet.
La page Facebook de BF1 comptabilise aujourd'hui 50 000 abonnés et le site - même inachevé - accueille déjà nombreux visiteurs :

"Il fallait créer une interactivité entre nous et nos téléspectateurs. Nous sondons leurs attentes à travers nos réseaux sociaux et nous nous adaptons. C'est via internet que nous touchons la diaspora. Un certain nombre d'émissions est rediffusé sur le site", détaille Issoufou.

Une relation de confiance entre les Burkinabés et leurs médias

Durant les dix dernières années, le Burkina Faso a été classé de manière récurrente parmi les bons élèves de la liberté de la presse en Afrique par Reporter sans frontières. Ce qui a permis d'asseoir la crédibilité des organes d'informations.
Le meurtre du journaliste Norbert Zongo en 1998, avait provoqué un émoi national, emmenant le pays à repenser sa manière de traiter les journalistes. Aujourd'hui, plusieurs lois ont été adoptées pour faciliter leur travail : la diffamation a été dépénalisée et, durant la période de transition en 2015, une loi promulguant l'accès aux sources de documentation publique a vu le jour.

" La liberté de la presse existe vraiment au Burkina, des efforts ont été faits à travers l'adoption de plusieurs lois même si dans les faits, leur exécution rencontre encore quelques résistances", affirme Issoufou Saré.

En dépit des difficultés financières que vivent les journalistes burkinabés, qui ont majoritairement du mal à joindre les deux bouts, le pays dispose d'un paysage médiatique pluraliste et relativement vivant.

À ce jour, BF1 tire principalement ses bénéfices de la publicité et des couvertures médiatiques facturées, une pratique décriée mais largement répandue dans le pays. La notion de responsabilité sociale est prise à cœur au sein du groupe, qui voit les médias comme un pilier de l'édification d'une nation burkinabé prospère où le vivre ensemble est de mise.

BF1 est un des médias participant à Faso Médias 2, un projet de CFI soutenu par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, en partenariat avec l'UNALFA.

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