Youssef Chani, flamme éternelle

Le cœur du Marocain Youssef Chani bat au rythme du sport depuis l'enfance. Une passion qui restera "collée à sa peau jusqu'à sa mort", selon ses proches. Portrait de ce reporter de 55 ans, animateur de plusieurs émissions sportives, réalisé par Emmanuel de Solère Stintzy.

"Pas une posture, une passion !" Quand il évoque la flamme de son ami Youssef Chani, Reda Allali, chroniqueur dans son émission sportive La Bombonera sur Radio 2M, est formel : "Youssef baigne dans la culture du foot marocain ! Il travaille toute la semaine sur le championnat national, prend un café avec un ancien international le samedi et assiste le dimanche à un match de district !"

Un amour du jeu présent depuis son enfance. "Quand Youssef était jeune, il jouait le rôle du journaliste et nous ceux de joueurs invités dans son émission TV. Il nous disait que nous avions raté ceci ou cela pendant le match", se souvient, encore amusée, Mounia, sa sœur aînée. Son petit frère confirme : "J'ai toujours gardé cette flamme en moi ! À 18 ans, j'ai commencé à signer des articles dans des journaux et, en 2010, quand j'ai entendu parler du lancement de Radio Mars, première radio sportive au Maroc, j'ai continué à apprendre sur le tas."

Sa passion est en effet, tout d'abord, "un passe-temps bénévole". Après un bac comptabilité, il suit les conseils de ses parents et décroche une maîtrise en gestion. Devenu responsable commercial et logistique d'une entreprise, l'éternel fan du Raja Casablanca, continue de raconter sur Radio Mars les entraînements, les décrassages, les dernières infos du mercato... "La radio m'a envoyé au Mali, en Sierra Léone et en Guinée suivre le Raja (N.D.L.R : un club marocain de football). J'ai visité des pays dans lesquels je n'aurais jamais imaginé aller. J'ai été agréablement surpris par la chaleur humaine lors de ces déplacements", se remémore Youssef Chani.

"Souplesse et bonne humeur"

Russie, Qatar, Côte d'Ivoire... Depuis 2016, consultant puis grand reporter pour Radio 2M, le journaliste désormais à plein temps, multiplie les déplacements pour suivre les Lions de l'Atlas, notamment lors des dernières Coupes du monde et Coupes d'Afrique des Nations de foot. De quoi souffler un peu plus sur les braises de sa passion... Lors de ses émissions (Sportissimo, La Bombonera), on le voit ainsi lunettes sur le nez, présentateur concentré, puis, l'instant d'après, métamorphosé en commentateur dans un chaud débat avec ses invités. Mais, les rires ne sont jamais très loin... "Youssef est toujours passionné ! En trois ans d'émission, malgré le stress de la production quotidienne dans une grosse radio, je n'ai aucun souvenir de moments de tension. Il sait travailler dans la souplesse et la bonne humeur", apprécie encore Reda Allali.

Autodidacte, Youssef Chani se réjouit d'apprendre au contact de collègues d'autres pays. Aux Assises internationales du journalisme de Tours (France, 25 au 30 mars 2024), il a aussi encouragé ses jeunes collègues, de sa voix chaude et radiophonique, à "prendre des initiatives". Lui se projette déjà dans la prochaine couverture avec CFI des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris. Depuis deux ans, Youssef transmet déjà au Maroc sa passion tous terrains avec "Radio sport", un atelier pour enfants : "J'ai réalisé l'interview d'une basketteuse de l'équipe nationale handisport. Elle a parlé de son handicap, pas un obstacle infranchissable, selon elle, pour réaliser ses rêves. Les enfants ont applaudi. C'était très émouvant." Une première flammèche olympique ?

Dans 10 ans... 

"Avoir son média à lui, sa chaîne sportive !" Dans 10 ans, certains de ses proches imaginent Youssef Chani devenir son propre patron. L'ex-responsable commercial et logistique décline poliment l'invitation : "Je n'ai pas l'esprit entrepreneur... Dans dix ans, je m'imagine plutôt encore journaliste, pourquoi pas dans un autre pays ou peut-être rédacteur en chef d'une grande radio sportive, pour créer des émissions proches de la réalité et toucher un maximum de gens." Sa grande sœur, Mounia le verrait bien ainsi "directeur de programmation. En tout cas, il aimera toujours le sport, collé à sa peau jusqu'à sa mort !"

Reda Allali qui le connaît depuis une quinzaine d'années et a déjà travaillé avec lui sur des podcasts concernant le Raja Casablanca, imaginerait bien Youssef élargir ses horizons dans dix ans : "ouvert sur le monde, il est aussi passionné d'Histoire et d'actualité. Il pourrait donc réaliser d'autres podcasts. Chez nous au Maroc, le foot est une fenêtre assez fidèle pour parler de la société..." À cette proposition futuriste, Youssef Chani, "passionné d'Histoire contemporaine marocaine et de sincérité avec les auditeurs", ne dit pas non...

Image

Youssef Chani au micro d’Emmanuel de Solère Stintzy - CFI ©